François Prigent et Hervé Hervet
Nos prêtres réfractaires durant la Révolution
Le 6 Janvier 1792, la trève de Henvic, qui avait été indépendante pendant 300 ans est supprimée, et est incorporée à la paroisse de Taulé. L’église est conservée « comme oratoire ». Les « nouvelles paroisses » doivent en effet compter en principe 6000 âmes, et à Henvic, on dénombre à l’époque 1300 habitants.
De 1772 à 1780, l’église tréviale de Henvic est dirigée par François Helleouet, et de 1780 à 1790, par Gabriel Julien Briand. (Celui-ci est nommé ensuite à Plounéour Trez).
En 1790, arrivent alors François Prigent et Hervé Hervet, son vicaire.
François Prigent est né à Henvic le 25 Janvier 1761, et ordonné prêtre le 20 Septembre 1785. Après avoir exercé son ministère à Henvic, il deviendra recteur de Plouvorn en 1800, puis curé de Plouzévédé durant le Concordat. Il meurt le 9 Janvier 1818.
Hervé Hervet est né le 2 Novembre 1737, et est ordonné prêtre en 1767. C’est cette année là qu’il arrive à Henvic.
A la veille de la Révolution, la vie quotidienne des henvicois doit certainement continuer comme auparavant, dure et laborieuse, et les évènements de 1789 ne semblent pas trop troubler la population. Par contre, la Constitution Civile du clergé, votée par l’Assemblée Nationale le 12 Juillet 1790, sera le point de départ d’une période de troubles. Le but de cette loi, était de créer une église France séparée de celle de Rome, et asservie au pouvoir civil. En vertu de cette loi, le clergé, des évêques aux curés, seront dorénavant élus par le peuple, et devront prêter serment de fidélité à la Constitution. Les ecclésiastiques auront un traitement de l’Etat, et les Diocèses sont remaniés et découpés selon la répartition du pays en Départements.
L’évêque léonard Mgr de la Marche avait mis en garde ses prêtres, et en fait seulement 17 d’entre eux, prêteront serment à la Constitution.
L’élection de nouveaux évêques dans les 5 départements bretons consacre la rupture, en Mars 1791. Mais en raison du décès de l’évêque de Cornouailles, dans le Finistère, c’est dès le mois d’Octobre, qu’Expilly est élu évêque Constitutionnel. Ce sera le premier du royaume.
La population bretonne, loin de se rallier à ce clergé assermenté, garde une fidélité envers ses prêtres. Ceux-ci doivent entrer dans la clandestinité malgré les mesures prises contre eux, (éloignement, déportation en Espagne, et emprisonnement). Nombre d’entre eux doivent émigrer.
Refusant de prêter serment à la Constitution, les deux prêtres henvicois, François Prigent et Hervé Hervet devront se cacher, pour exercer en secret leur ministère. Ils continuent cependant à célébrer en secret des messes et à donner les sacrements à leurs paroissiens, et bientôt, à des fidèles d’autres paroisses où les prêtres ont dû fuir. Toute la population les soutient, les cache, et les aide.
Hervé Hervet est arrêté et emprisonné au Château de Brest le 28 Mai 1792, il est ensuite déporté en Espagne, où il meurt en septembre 1797