Début des travaux
Une époque le construction
C’est en 1896 que fut décidée la construction de la nouvelle église de Henvic par le Conseil de Fabrique de la paroisse, et, bien qu’elle fut consacrée et inaugurée en 1904, c’est à dire cinq ans après la bénédiction de la première pierre, elle ne fut véritablement terminée qu’en 1920.
Le clergé représente une grande force politique en Bretagne, et le clergé a un pouvoir moral considérable qu’il exerce sur une population demeurée profondément religieuse. La paroisse de Henvic n’échappe pas à une sorte d’épidémie qui pousse un peu partout à construire de nouvelles églises. Les anciennes églises sont considérées trop petites, et nombre de curés bâtisseurs poussent leurs ouailles à construire des églises plus grandes. Le style néo-gothique va prédominer un peu partout, ainsi que le néo-flamboyant, et le néo-breton.
La nouvelle église de Henvic entre dans cette catégorie de bâtiment avec ses pierres de taille “standard”, et ses murs crépis. A l’intérieur, les grandes colonnes soutenant un ensemble des plus symétriques ne présentent aucune fantaisie.
Des démarches laborieuses
Il fallut trois années de négociations laborieuses avec la sous-préfecture de Morlaix avant que ne puisse avoir lieu la cérémonie de bénédiction de la première pierre.
Les prêtres qui avaient en charge la paroisse étaient le Recteur, Monsieur Le Gall, installé depuis le ler mai 1891, secondé à partir du 16 avril 1899 par le vicaire Monsieur Kerouanton.
Le 2 janvier 1896, Monsieur Emmanuel Drouillard, Capitaine de Vaisseau, fait donation en bonne et due forme devant Maître Gourmelon, notaire à Morlaix, d’un terrain à la commune de Henvic, et le dimanche ler mars, le Conseil de Fabrique se réunit, pour demander l’autorisation de construire l’église paroissiale, ainsi que pour solliciter des subventions du Département et de l’Etat.
Les négociations sont difficiles. Le 8 Septembre 1896, le Maire de Henvic reçoit la lettre suivante du Sous-Préfet, qui motive son refus par le fait que « le cimetière se trouvant au milieu de l’agglomération est un danger pour la santé publique ». En réponse à cette lettre, le dimanche 22 Décembre, Mr Drouillard fait “sincèrement et respectueusement” les observations suivantes: “Nous ferons remarquer à l’administration que la paroisse de Henvic, depuis qu’elle existe, comme paroisse tréviale de Taulé, de 1600 à 1801, et comme paroisse succursale, de 1801 à ce jour, n’a eu qu’un seul et même lieu de sépulture, le cimetière actuel entourant l’église; que ce cimetière est vaste assez, d’autant plus qu’il y a à l’est un endroit de 27 mètres sur 3 mètres où jamais inhumation n’a été faite…” “Le cimetière est un danger pour l’agglomération? Mais quelle agglomération? Autour du cimetière, il y a six maisons, et toutes en sont séparées par une grande route, le presbytère excepté… » Les objections enfin levées, les plans sont arrêtés.
Un nouveau Recteur, Guillaume Le Jeune
C’est à cette époque, que les prêtres henvicois sont appelés à changer de paroisse. Le 13 février 1898 voit tout d’abord le procès-verbal d’installation de M. François Salaun comme vicaire, en remplacement de M. Kerouanton, qui part à Plounéour Trez. Un mois plus tard, le 17 mars, on assiste au départ du Recteur, M. Le Gall appelé à la Cure de Fouesnant. Celui-ci est remplacé par M. Guillaume Le Jeune. Originaire de Plabennec, il a été auparavant Recteur de l’Ile Molène, de 1892 à 1998. C’est pour cela que les Henvicois l’ont appelé par la suite “Ar Molenez”. Il paraît que certains l’appelaient également “Fri Sivi”. Avait-il le nez comme une fraise? Selon les renseignements obtenus ce prêtre avait pas mal bourlingué. C’était un ancien militaire de l’aviation, qui avait fait la guerre de 1870 contre la prusse.
Guillaume Le Jeune était sans nul doute, un personnage assez peu commun, qui a marqué de son empreinte les lieux où il a vécu, autant à l’Ile Molène qu’à Henvic. Etait-il doté d’un sale caractère? En tous cas, le vicaire Branellec écrit sur une carte, le 2 septembre 1916, que « le Recteur, dans une crise, a renvoyé son bedeau…! Il s’efforce de le ramener ». Il a assuré la fonction de recteur de Henvic jusqu’en 1917, date à laquelle il dut démissionner pour des raisons de santé. Il arrive donc à Henvic juste à l’époque où doivent débuter les travaux, et il mettra toute son énergie au service de sa paroisse durant 19 ans..
Le 27 août 1899, soit l’année qui suit son arrivée dans sa nouvelle paroisse, il procède, avec son prédécesseur, M. Le Gall, et en présence de très nombreux membres du clergé, à la bénédiction et à la pose de la première pierre de l’église.
La photo ci-dessus est très certainement une des plus anciennes montrant la nouvelle église de Henvic durant sa construction. Le clocher n’y est pas encore construit.
Décès de l’entrepreneur.
Les travaux ont démarré et semblent aller bon train, mais ils sont arrêtés le 15 juillet 1901, en raison du décès de M. Eugène Louis, l’entrepreneur de Morlaix à qui était confié le chantier.
Celui-ci est confié à un nouvel entrepreneur, M Canevet, de Coray, qui travaille au même moment à la construction de la nouvelle église de Taulé. Les travaux semblent par la suite s’être poursuivis sans problème.