Pierre de Coëtanlem
Seigneur de Trogriffon sous la Révolution
Pierre-Joseph de Coëtanlem est né à St Martin des Champs en 1749. La famille de Coëtanlem, qui appartenait à la petite noblesse de la région, marque dès la fin du moyen âge, l’histoire maritime de la Bretagne. La culture de lin et de chanvre contribue alors à l’essort du port de Morlaix, d’où on exporte des cordages et des toiles, et de nombreux marins vont s’illustrer. Jean de Coëtanlem est connu comme un fameux corsaire, et un de ses neveux, Nicolas, sera un riche armateur. En 1500, la Reine Anne le sollicite, pour construire la fameuse frégate « La Cordelière » sur les bords du Dourduff.
Pierre Joseph Jean de Coëtanlem épouse le 3 juin 1776, Jeanne Marie Bernard. Ils auront 9 enfants, dont une fille, Marie Perrine de Coëtanlem, qui épousera le 21 février 1816, à Henvic, Gabriel de L’Espine de Grainville. Celui-ci devient par ce mariage, propriétaire du manoir de Trogriffon. La famille De L’Espine de Grainville, originaire de Normandie, fournira plusieurs maires à Henvic, Adrien de Lespine de Grainville, qui fit bâtir l’école publique et le presbytère de Henvic, ainsi que son frère, Charles. Une des filles nées de ce mariage, Constance de L’Espine de Grainville, épouse le 26 février 1843, François Guillaume Gilart de Kéranflech.
Nous n’aurons pas la prétention de réécrire ce que d’autres ont écrit avant nous, et nous nous permettrons de faire référence à l’ouvrage « Ces Messieurs de Morlaix, les Coëtanlem » de Hubert de Langle,
Pierre Joseph Jean est tout juste marié, qu’il est chargé par son père, Hervé de Coëtanlem de Rostiviec, suite à une longue série de tracasseries fiscales et de calomnies, de recueillir les preuves de leur noblesse et de faire valoir leurs droits devant le Parlement de Bretagne à Rennes. Après avoir recueilli les éléments nécessaires, dont leurs armoiries, Pierre Joseph se rendit à Rennes. Cette procédure fut couronnée de succès par un arrêt du parlement de Bretagne daté du 23 août 1776, qui maintenait la famille Coëtanlem dans la jouissance de ses prérogatives nobiliaires, la déclarait noble d’ancienne extraction et l’inscrivait officiellement sur le catalogue des gentilshommes de la province ». A la suite de cela, Pierre Joseph de Coëtanlem, ses droits lui ayant été restitués, put siéger aux Etats de Bretagne, dans l’ordre de la noblesse. Il y assistera jusqu’aux derniers Etats de 1789.
Arrive alors la Révolution Française. Le Seigneur de Trogriffon doit vivre reclus dans son manoir, « assigné à résidence ». Il met à profit ce temps pour rédiger un dictionnaire breton manuscrit en huit volumes, comportant près de 9000 pages. Sous le titre « Dictionnaire de la langue bretonne », il reprend une édition de Dom Louis Le Pelletier, et la complète avec des additions et remarques. Lors d’un Symposium de la Bretagne Linguistique, le 10 décembre 2010, à la Faculté Victor Ségalen, à Brest, il est reconnu que « les commentaires linguistiques et extra-linguistiques représentent une source de premier ordre pour les sociolinguistes, les dialectologues, les lexicographes, les littéraires, les historiens et les ethnologues. En effet, à côté de références littéraires ou historiques abondantes, l’œuvre de Coëtanlem contient de nombreuses observations sur la vie quotidienne des gens de son « païs », par exemple l’alimentation ou le travail ainsi que les pratiques langagières. Ces longues annotations constituent donc, chose rare, un témoignage direct sur les habitants de cette contrée ».
Pierre Joseph de Coatanlem décède à Henvic en 1827.
L’entrée du manoir de Trogriffon telle qu’on peut la voir aujourd’hui